« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Si je croyais que la mort


 

 

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Si je croyais que la mort pût avoir

L’effet sur moi de m’alléger du poids

De l’amour, j’aurais moi-même enterré

Mes membres importuns et mes soucis.

 

Mais, craignant bien que ce ne soit qu’un simple

Transfert de pleurs en pleurs, une autre guerre,

Au-delà du portail qui m’est fermé,

Je reste à mi-chemin, dans l’entre-deux.

 

Il faudra bien pourtant que l’arc cruel

Décoche un jour le dernier de ses traits,

Plongé déjà souvent dans d’autres cœurs.

 

Je prie Amour, et avec lui la Sourde,

Qui m’a laissé sans force et sans couleur

Et qui oublie de m’appeler près d’elle.

Pétrarque / Canzoniere