« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

La femme à le boucher (une poule)


 

 

Cadavre à l’œil

Dépouille à poil

Sa bouche ! Sa bouche !

Elle a des yeux de biche

Elle est à fleur de peau

Un joli train de vie

Du bol alimentaire

Fait des pieds et des mains

Vend ses chutes de reins

À la tête du client

Prends-toi ça dans les dents

Bien en chair, très ouverte

Et toujours ventre à terre

Elle fait les yeux doux

Met la main au panier

Accueil toujours très gratiné

Calculs. Liquidité

Elle a rubis sur l’ongle

Et le cœur sur la main

La tringle ! la tringle !

En gros, pas par derrière

À l’os, jusqu’à la moelle

À l’œil donne du mou

Du pied et du genou

Un beau morceau dans la culotte

Pour le sauté en papillote

Les clients jouent des coudes

Son bassin bien profond

Encaisse ! Encaisse !

Donne la chair de poule

Les sabots en ébats

Distribue ses abats

Fait gigoter ses mules

Cachés sous l’édicule

Elle a les glandes

Pieds en paquets

A les lardons

Sur ses talons

Toujours fait queue bien relevées

La femme à le boucher

Au bûcher !

Jean-Michel Espitallier / Salle des machines