LA PORTE BLANCHE
Par domcorrieras, le mercredi 29 janvier 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
Comme avaler un chemin
d’air un comprimé tant
d’après-midi répétés
l’herbe leur sortait des yeux
par la force
deux ornières où
rassembler :
(Renoir peignant des jeunes filles
le sourire vert toi coupant tes
robes dans le marronnier liberty
où s’articulaient les mots de mai
les doigts traversés de rhumatismes
ce toujours même désir bordant nos
étreintes
d’entre tes jambes s’exhale)
●
… écartée
oh l’hiver
comme un passage
d’eau,
… le charbon meurt
entre les herbes
avec tes ongles
chandail à vif…
toute parole cassée…
●
… dépouillée
de proche en proche comme
tu m’entraînes
l’herbe d’hiver
toute à nos chemises
c’est une odeur qui change
de village
la pluie si haute
entre les draps…
●
… avec du sang neige après neige où
croissent les ronces cette voix
que l’on rassemble noire sur la
colline tu vas visage d’encre ainsi
les mots face à la peur le froid
resserre les toits du hameau l’une
contre l’autre c’est dire comme les
corneilles traînent des odeurs de
classe lorraine lumière laminée j’ai
appris dans les glaces que deux mots
délabrés même sans bruit peuvent faire
un langage…
Gilbert Vautrin / La porte blanche (extraits) in Action Poétique 88
(1982) - poésie - performance