« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

on construit à tout-va la cité


 

 

on construit à tout-va la cité –

à côté de survie tassée précaire le vertige apparaît

alors on parle fort en agitant les mains

chaque cri défie la faille

faille effrayante fidèle faille faisant

le lit des effrois ou des merveilles

 

                ce sont des gens simples qui pleuvent sur cette terre

                au détour d'une grande migration. ils tombent.

                le vent s’unit à leur vertige. ce sont des gens simples

                vous moi eux gens qui meurent. la souffrance s'évapore elle

                devient vapeur ou elle se pétrifie en gros blocs de glace. le climat change.

                toujours ce vent & ce vertige. chaque parcelle est marquée de corps.

                la voix de l'autre au sommet  : rien de plus beau que ce qui vient ensuite.

 

en bas le reclus s'amenuise - les clôtures de peaux hésitent mais

les pas & les mots n’en finissent pas d’avancer –

dans le grand univers que chaque part compose

contre l’enfer immobile elles s’ouvrent les clôtures de peaux

dans l’enfantement des mondes elles s’ouvrent à tout vent

Jos Roy / choix de textes pour Le Bordel des Poètes