L’ÉCORCHEUR DE CHEVAUX
Par domcorrieras, le mardi 4 février 2020 - Poèmes & chansons - lien permanent
Inutile de faire semblant
de fermer la porte sur l’aire
puisque Cozic viendra ce soir,
disait le père châtreur de truies.
Quand j’entendrai le lit remuer
j’irai chercher mon fusil.
Quand j’entendrai ses sabots sur l’escalier
j’irai chercher le garde champêtre
et tous les deux vous irez sur la route de Nantes.
Vous finirez vos jours ensemble
entre les poteaux patibulaires,
et ceux qui vous ont cachés,
votre mère et Yannick le pâtre,
la petite Marie la bergère
iront avec vous et votre écorcheur de chevaux.
— Taisez-vous, châtreur de truies,
et mettez votre main sur votre tête
pour savoir si vos cornes ont poussé.
— Plutôt que de vivre avec des femmes
qui ne rougissent pas d’aller à confesse
sans dire tous leurs péchés
j’aimerais mieux me jeter à l’Oder.
— Allez où vous voudrez pourvu que nous soyons libres
d’aimer qui nous aime.
Tenez ! Voilà votre bouteille de vulnéraire,
buvez votre compte et allez dormir.
Max Jacob / Poèmes de Morven le Gaëlique