« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Ô par les routes et les cimes qu’il nous soit donné


 

 

Ô par les routes et les cimes qu’il nous soit donné le sentiment de vivre

et par le jour qui pleut sur la peau

et par les solitudes froides

autant que par le pain partagé du soleil

 

et comme le savoir en vérité des lèvres sur le fruit

que tout savoir nous soit saveur

 

toi enfant qui tiens un arbre par la main

ry toi vieillard qui tant ressemble

à ton chemin de pierres éboulées

vous en savez plus que quiconque sur la vie

 

la nuit qui monte à notre porte

et l’oiseau qui dessine son chant dans le ciel

mieux que la sentence

ou ce langage cousu d’ombre

nous instruisent de la réalité

 

ô comme subtilement converser avec les choses

et les comprendre dans leur geste

 

nous enseignent

car si les choses comme nous ont un nom

seuls leurs gestes véritablement les nomment

ainsi la fenêtre qui naturellement bondit dans la lumière

la table qu’on dirait faite pour l’attente

la maison chauffée par le soleil du soir

qui penche vers la nuit

 

ainsi cette façon verte et feuillue qu’à l’arbre

de signifier la vie

 

ô comme les choses muettes

habitons la vie d’un geste nu

sans cause ni précaution

 

à fleur de peau

Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau