« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Depuis que j’ai quitté la ville capitale


 

 

Depuis que j’ai quitté la ville capitale,

Il s’est écoulé déjà près de deux semaines.

 

Et nulle journée ne nous épargne la pluie.

N’est-ce pas justement ce qui me tient en peine ?

 

Oiseaux de passage aux ailes qui s’alourdissent,

Pêchers en fleurs dont le rose se défraîchit.

 

Au matin, le passeur privé d’embarcadère;

Au soir, le voyageur perdu au croisement.

 

Ma longue marche est encore loin de son terme;

Tous les vieux espoirs se sont tournés en tourments.

 

Davantage, il y eut à l’automne dernier

Ce coup de vent qui sévit plusieurs jours durant.

 

Arrachés au bord des chemins, les puissants arbres;

Emportés jusque dans la nue, les toits de chaume.

 

Et le prix du riz, conséquemment, de monter.

Et ce printemps-ci de n’apporter rien de mieux.

 

Il faudra que le train des choses prenne cesse !

Que deviendrait l’extrême détresse du peuple ?

Ryôkan / Composé sur la route d’Isé sous une pluie pénible / Poèmes de l’ermitage