« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE FABRICANT DE SOMMIERS MÉTALLIQUES


 

 

Le fabricant de sommiers métalliques

Regarde les femmes

D’une façon différente

De celle d’autres hommes

Les femme sentent en lui

Silencieux jouisseurs

Les râles des mailles de cuivre

Les sentent dans leur chair

 

Son appartement est bien agréable

Et derrière dans la salle de bains

L’écoulement chantant

De l’eau d’une blanche baignoire

Entraîne indifférent

Des corps alanguis et passifs

Ves le bas

Par un sourd courant

 

À sin poignet velu

Une montre suisse

Tatoue l’amour

Comme une bête de somme

Une parmi tant d’autres

Et sait

Cette montre suisse

Quand c’est l’heure de l’extase

Et l’heure d’en finir

 

Au bras un pourrissement vert

Et sous son corps les râles

De lèvres fondues

De maintes mailles de cuivre

Un rien diabolique

Il évalue le poids

De sa solitude

Selon la souplesse du lit

Et la réponse des cuisses

 

Le matin il se lève dans le froid

Puis prépare son thé

En expectorant

La nuit et ses crachats

 

D’un chenil proche répondent à sa toux

De profonds aboiements



 

Nouveaux mythes, 1946

 

Josef Kainar
traduit du tchèque par Petr Král