« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SAUVAGES AU DÉTOUR D’UN BOIS

 

 

 

SAUVAGES AU DÉTOUR D’UN BOIS

ou plantées dans un jardin rectiligne

la facétie des framboises force le respect

Les cueillir est une épopée :

grimper sur un talus, pénétrer leur masse emmêlée

offre avant tout déchirures et courbatures

prélude à l’apaisement de leur chair

On y revient pourtant la saison venue

cherchant, parmi le épines, les délices

qui colorent les mains et les vêtements

 

Un jour, perdu dans un buisson

on se décrète explorateur. On affronte

la végétation luxuriante et le bestiaire imaginaire

d’une forêt des origines. On taille

dans les branches. On arrive

à une clairière proprette

La maisonnette nous attend ;

on frappe, plein d’espoir

Un chaudron nous ouvre puis retourne à sa cuisson

Dans une autre pièce, l’alambic bouillonne d’ardeur

Une porte donne sur un laboratoire où

d’habiles marmitons disposent le trésor sur des

      pâtes sablées

 

quel fruit versatile que celui qui protège notre

      mirage !

 

 

 

La chambre : Boby Lapointe y a déposé

— tel un hommage aux audacieux —

les mamelles du destin

Alors on y fait halte, le temps de goûter

la griserie où l’exploration culmine

On savoure les fruits offerts

tachant les vêtements qu’il faudra

une fois éveillé de ce périple

frotter avec une nostalgique ardeur.

Florent Toniello / FLO[TS] (extrait)