Le téléphone se jette sur tous
Par domcorrieras, le vendredi 4 janvier 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
Merveille se prolongeant dans le fil mince,
vers le pavillon ouvert de l’écouteur serré,
silence massacré dans un pogrome de sonnerie,
le téléphone a déployé sa lave tremblante.
Ce vacarme,
ces sirènes
ouvraient le feu contre les murs,
pour les faire sauter.
Par milliers,
les sonnailles
frappaient
contre les murs,
ricochaient sous les chaises
et sous les lits.
Du plafond au sol les sonnailles claquaient.
Et, à nouveau,
l’énorme ballon sonore
a rebondi sur le sol, frappé le plafond,
et s’est répandu en éclats multiples.
Vitre après vitre,
poêle après poêle,
tintamarre
à l’unisson du téléphone.
La maison-hochet tremblait
dans sa petite main,
et le téléphone se noyait dans un flot de sonneries.
Vladimir Maïakovski / De ça (1923)
traduit du russe par Henri Deluy