MA PORTE S’OUVRE SUR LA NUIT
Par domcorrieras, le mardi 6 novembre 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
Ma porte s’ouvre sur la nuit. Le ciel vacille
Dans l’ombre du Vieux-Port.
Le tremblement de l’eau fait balancer les quilles
Et les vigies. Les Forts
Se profilent sur l’horizon. La lune haute
A pris le quart.
Le circuit lumineux du phare suit la côte
D’un long regard.
Où sont mes compagnons qui remplissaient l’espace
Des appels de leurs voix ?
Le soir, trop lourd pour moi, m’écrase. Les terrasses
Africaines m’envoient
Des bouquets d’orangers. L’Arabe, sous sa tente,
M’offre son amitié.
Et Marseille, tragique, et toujours consentante,
Se découvre à moitié.
On entend dans la rue rouler une voiture
Et le bruit s’en éloigner.
Un chant d’ivrogne, place de la Préfecture.
Les bâches sur le Quai,
Paquets de nuit, veillent le sommeil des mahonnes ;
Un grand trois-mâts
Allume ses fanaux et part pour Barcelone.
Un douanier s’en va,
Sa lanterne allumée repousse l’ombre noire.
Le transbordeur s’éteint.
Seule, gardant la mer, la patrouille du phare
Élargit son destin.
Louis Brauquier / Et l’au-delà de Suez