EXCURSION NOCTURNE (extrait)
Par domcorrieras, le mercredi 7 novembre 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
III
J’ai regardé le décor.
Rhône sur fond de presqu’île.
Et je me suis mis à penser
Qu’il est là;
dans ces rues,
comme d’habitude,
qu’il met des coups,
le fameux,
l’inaltérable,
Mastoc Faux-Cil pour Laideur Publique!
Que je suis, une fois de plus, l’ensemble des divisions
de mon être et tout ça
multiplié par l’expérience de fourrer mon nez dans la ville
qui n’est plus la même chaque matin,
et je me raconte cette histoire,
qu’il y aurait beaucoup de Jésus-Christ,
si les villes d’un pays étaient des Hommes.
Et pourtant ce sont des amas d’Hommes.
ceux-ci mêmes dont on se dit des fois qu’ils sont sans âme…
qui prient la Madone, ou font semblant;
d’autres
amadouent des Dames qu’ils rêvent de couvrir d’or
et donnent
tout de même raison à des soi-disant dandys-rigeants
qui eux ont l’air si doux et sont aigris
et ils cautionnent l’alphabet du porc du képi
et
institutionnellement,
je veux dire: naturellement,
on doit décemment s’exprimer en bon français,
en bon vieux français de cette bonne vieille France usée,
ravagée par des guerres et des hommes
célèbres,
à qui on rend hommage comme à des parents lointains,
crevés pour nous embellis habillés des haillons de l’Europe,
pour leur one man show posthume au spectacle du souvenir.
Alors on doit suinter de la mémoire, aussi, avec eux,
dans les salles de classe,
dans les musées,
dans les réunions culturelles,
dans l’adoration des images forgeresses,
suinter mais en bon français,
en oubliant
au passage,
qu’Internet ravage la langue française
avec de nouvelles définitions de nouveaux mots
et que le pire dans tout ça c’est que
ça lui fait du bien,
et récemment,
je veux dire: sans cesse,
ils balancent leur regard bleu dans les yeux ouverts
des enfants de la ville qui ont été très souvent
des yeux rouges qui brillent et des grandes pupilles
ils ont peur
et se noient dans eux-mêmes
et sont noirs parfois dans le cœur comme le drapeau de leur
Anarchie Utopique
qui pique les yeux
avec des Lacrymos dans ces yeux ouverts
sur la réalité de l’impossibilité d’une île.
Les enfants de la ville ne veulent plus se consoler
en se rangeant un jour
à la place la moins pourrie possible
histoire de faire des gosses.
Et ça les rend tristes d’être paumés entre
suivre le cours de l’envie et celui de la bourse
et certains même
qui n’en peuvent plus de ne pas savoir quoi faire
se jettent dans le Rhône pour suivre le cours du fleuve
et arriver morts à la mer entre nos merdes et le oeu d’eau pure
qui reste et le murmure quand-même des vagues
et finalement l’air marin.
Et ça rend tout le monde triste mais on ne peut pas s’en empêcher
c’est comme ça
et c’est toujours à ce moment là
que je me questionne sur l’utilité du travail sur soi
quand je me sens seul à vouloir devenir bon et juste et transparent
et surtout modéré, oui, modéré,
et je suis triste pour les villes qui portent tant de poids,
il y a tant de Virus multicolores
dans leurs veines toujours renouvelées
où roule toujours le même sang
contaminé par la Maladie Humaine
C15RS et V6
16 soupapes.
José-Simon Narvaez / Excursion nocturne et autres poèmes