LA VIE EST UNE AVENTURE
Par domcorrieras, le lundi 22 octobre 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
I
La vie est une aventure
Qui part pour l’éternité.
Je compte les encablures
Qui trainent ma destinée.
Nous avons l’inquiétude
Du visage de la mer.
Une angoisse d’or dénude
Notre cœur. L’horizon clair
S’emplit de beaux équipages
Qui viennent pour débarquer
Et jettent sur le rivage
La merveille des dangers.
Villes sud-américaines,
Ports nègres du Sénégal,
Gao qui dort dans la plaine
Du fleuve équatorial,
Tandis que nous fumons la pipe
Sur le Vieux-Port chaud et doux,
De nostalgiques visites
Nous entretiennent de vous.
II
Le courrier du Japon sur la mer lisse et pâle,
Suit le remorqueur de Chambon.
Au bout du hangar 9, lents et lourds, font escale
Les chalands de charbon.
Les marteaux des calfats se mêlent aux murmures
De forge des chantiers.
Les vieux cargos montent au ciel sous la peinture
Leurs coques déchirées.
Le soleil du Zenith fait des signaux aux vitres
Des hublots ronds et des villas.
Des caisses de vermouth partent pour Pointe-à-Pitre.
Le rouge alcarraza
Aux persiennes du bar ouvert devant le môle
Suinte comme un fruit.
Dans le hamac de l’horizon aux lueurs fauves
L’Été bâille d’ennui.
Un mirage de feu sur la mer nue s’étale
Fantastique et chaud à crier,
Et le Nil bleu descend des régions centrales
En embrassant les palmeraies.
Le vent tiède et brûlé qui passe sur les sables,
Les appels des caravaniers,
Les discours et les cris des trafiquants arabes,
Les esclaves aux seins dorés,
A cause du récit fait par le capitaine
D’un trois-mâts négrier,
Montent, viennent vers nous en apportant l’haleine
Assoiffée du désert.
Et c’est un poison vert bu dans la calebasse
Que nous offre un grand sorcier noir,
Qui mimait au soleil sur les chaudes terrasses
Les danses ivres de l’espoir.
Louis Brauquier / Et l’au-delà de Suez