« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Difficultés de la route

 

 

Au-dessus du perron blanc comme le jade, plane l’étage
supérieur du luxueux gynécée ;
la draperie et le rideau brodés sont suspendus contre la belle
porte et la fenêtre peinte.
Là, vit une femme appelée Kin-lan ;
ses vêtements sont en soie et un doux parfum l’enveloppe.
Les hirondelles printanières volent tantôt haut, tantôt bas ; la
brise sème les fleurs de mei.
Elle écarte le rideau ; elle est devant l’ombre de sa personne et
contemple les oiseaux.
Larmes aux yeux, elle retient sa chanson et se tait ;
la vie est courte, ne pourra-t-on jamais goûter le bonheur ?
« Je préfère être le canard sauvage qui vit par couple
que la grue qui s’élève au sein du firmament, mais seule ! »
Devant les mets, je n’ai pas envie de les toucher ;
je tire mon épée, frappe la colonne et soupire longuement :
« Combien de temps dure la vie d’un homme ?
Comment peut-on vivre sans liberté en repliant ses ailes ? »
Je quitte mon poste et retourne dans ma famille.
Le matin, j’ai dit adieu à mes parents ;
le soir, je suis de nouveau à leurs côtés. Autour du lit, je joue
avec mon enfant, je le caresse ;
je regarde tendrement ma femme qui tisse.
Depuis l’antiquité, les sages et les hommes parfaits sont tous
pauvres ;
nous autres, gardons l’honnêteté et n’imitons pas nos
semblables !

TCHAO PAO (Ming-yuan Pao ou encore Zhao Bao)