« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Nouadhibou

 

 

Je peux
ralentir le flux l’inverser
dans le désert la mer ses reflux
emmurer la terre jusqu’en haut
dérouler des barbelés pour t’arracher
le corps quand tu veux passer
investir des milliards d’euros
pour te faire la guerre
t’empêcher de réaliser le projet
de ta vue fermer les routes les unes
aoprès les autres vous déporter
toujours plus loin indésirables
te repousser dans un endroit où
les chemins seront encore plus dangereux.


Il faudra partir d’ailleurs
par des eaux bien plus dangereuses
de Nouadhibou à un millier de kilomètres des côtes
les Canaries ne saute pas vers la terre sableuse
quand tu ne sais pas nager
ne saute pas
dans l’eau qui rapproche
la terre dans le vert
depuis El Ayoune
cayucos et pateras
des eaux bien plus dangereuses
les embarcations des engloutis
quand la police et le passeur en cheville
n’arrêtent pas le bateau prêt à partir
vers plus de désert encore.

Oscarine Bosquet / Les indésirables
in Action Poétique N°206 - décembre 2011