Marx parle
Par domcorrieras, le jeudi 17 mars 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Quand l’Ouest s’éclaircit
je regarde parfois les fleuves d’argent :
ils couvrent le rivage de leur écume,
inondent le pays encore sec.
La dictature du bavardage m’amuse,
elle se fait payer
comme théorie de la société,
si j’en crois les informations
venues d’en bas. Je vais bien.
Parfois je vois Dieu. Il a l’air bien reposé.
Non sans humour,
étonnamment versés dans la dialectique, nous parlons
de questions métaphysiques.
Il m’a récemment demandé l’édition
de mes Œuvres complètes,
il prétendait ne les trouver nulle part.
Ce n’est pas que je veuille y croire, a-t-il dit,
mais cela ne peut pas nuire.
Je lui ai donné mon exemplaire personnel, le dernier
de l’édition bleue avec commentaires.
Il est plus cultivé que je ne pensais,
la théologie l’ennuie, la déconstruction :
il jette du sable dans sa mécanique, la psychanalyse :
il la tient pour une absurdité et ne la met pas
à la bouche. Ses préjugés sont étonnants.
À Nietzsche, par exemple, il pardonne tous
ses revirements les plus fous mais Hegel
lui est insupportable. De son projet
sa timidité l’empêche de parler. S’il vous plaît,
a-t-il dit récemment après avoir longuement regardé
la Terre, s’il vous plaît tenez-vous prêt.
Michael Krüger / Wettervorhersage
traduit de l’allemand par Michèle Cohen-Halimi