« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AUTOMNE Ô RÊVERIES

 

 

 

 

 

Pour célébrer l’automne en quelques vers, Madame,

Au frais de vos forêts, je me suis étendu ;

En rêve ai visité le sous-bois défendu

De baies et de fourrés ravagés par ma flamme.

 

Du feu de l’argousier, que votre ardeur réclame,

J’ai embrassé vos yeux ; prestement descendu

A vos pieds, le lierre a pris mon corps, détendu

Son ressort, et offert à sa main son sésame.

 

J’ai caressé l’écorce en un geste amoureux,

Puis écarté l’aubier de mon doigt langoureux :

Que la mousse était douce au creux de cette branche,

 

Où l’amour aux tons relevait mon festin !

Comment savoir alors, moulé dans votre hanche,

Que l’automne effeuillé fanerait mon destin ?

Armand Bemer / Passerelles de vous à moi - Chemins de Poésie en Lorraine