Saint-Étienne de Metz
Par domcorrieras, le mardi 24 novembre 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
Au cœur chaud des pierres jaunes, quand le soleil descend
Et nimbe de douceur les piliers de la cathédrale :
Tu avances à pas lents.
La gargouille en dentelle au ciel étend ses ailes
Et crache son dédain comme un nouveau venin
Vers les pavés séculaires.
Le mystère est entier de ces milliers de pierres
Et de ces âmes pieuses mourant sous le labeur intense :
Entends-tu les clameurs des mortels ?
Quand vient l’heure des Complies, tu reprends le chemin
De ton humilité qui te mène, yeux mi-clos, vers la voûte embrasée :
Tu cherches la lumière.
Les vitraux de Chagall ont filtré le couchant
Et donnent aux rayons la chaleur de l’espoir :
La nef est si haute soudain.
Le rouge allié au bleu par le jaune et le vert
Jette sur le dallage sa fusion d’aquarelle :
Rien ne bouge.
Tu voudrais te baisser pour prendre dans tes mains
Ces éclats que la pierre a transcendés du verre
Mais tout est fugitif.
Le halo des couleurs qui n’ont pas de frontières
A glissé lentement vers le pilier du chœur :
Tu goûtes la fraîcheur.
Dans un magma de nuages, Jacob entrevoit son échelle
Et le violon capricieux tire une larme au roi :
Le ciel est calme.
Les plis d’une robe bleutée se gonflent sous le souffle
D’un angelot caché au sommet du vitrail :
Les couleurs vacillent.
Du côté de Vaux, le soleil va s’abîmer bientôt
Dans l’océan des forêts qui veillent sur ce vaisseau.
La nuit viendra.
Armand Bemer / Passerelles de vous à moi