« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Intempéries

 

 





Passé comme présent

présent comme futur

le temps broute l’herbe du pré

Les souvenirs derrière le temps

sont plus lourds à porter

que l’enclume de l’orage

au dessus d’un arbre agité

 

Pourtant ils se laissent porter

sur l’épaule de Saint-Elme

qui se charge aussi de l’enclume

et des tonneaux de pluie

pour les jeter plus loin

dans un trou de mémoire

 

Souvenez-vous clame le vent

quand les souvenirs libérés chassent

les éclairs

 

Les larmes ! Où sont passées les larmes ?

Il fallait un seau pour les recueillir

car la terre tourne en sens inverse

navrée par les intempéries

qui sont aussi celles du cœur…

 

Au milieu du chemin la pierre

un bout de bois un morceau de ferraille

un clou une bille

une épine un tesson de bouteille

une fourche une bête crevée

une racine un nœud coulant

 

n’inquièteront le pied qui longe une lisière.

 

 

 

 

 


 

Anne Teyssiéras / D’ivoire et de corne / Leçon de choses