Dame étrusque
Par domcorrieras, le mercredi 30 septembre 2015 - Poèmes & chansons - lien permanent
comme pour un repas
sur le recueil de ses propres cendres.
Elle tient dans la main un éventail
qui a la forme d’une feuille.
Tout cela, depuis des siècles, immobile,
une urne en terre, rose,
et autre chose encore
qui nous invite à un tendre respect :
un coffret, même pas très lourd
ni très solide,
comme on verrait une boîte à onguents
à l’effigie d’une beauté vivante
sur sa toilette ; et, non loin, son miroir.
Celle-ci fut tout l’amour d’un homme
une saison de Toscane, ou une vie,
sous le même soleil qui éclaire encore nos pas.
Mais le miroir n’a plus rien à craindre de son souffle,
et l’éventail en forme de feuille
n’aura plus à cacher aucune rougeur de honte.
Elle a dû désapprendre ce qu’était la brise…
Que c’est étrange, néanmoins, ces images de mortes
qui éveillent encore une espèce vague d’amour
chez les ombres que sommes devenus !
Philippe Jaccottet / Après beaucoup d’années / Musées