« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CRACHOIRS DE CUIVRE

 

 




 

Nettoie les crachoirs, mon garçon.

        Detroit,

        Chicago, 

        Atlantic City,

        Palm Beach.

Nettoie les crachoirs.

La vapeur des cuisines d’hôtel,

La fumée des halls d’hôtel,

La salive des crachoirs d’hôtel :

    Ça fait partie de ma vie.

    Hé, hé, mon garçon !

        Un nickel,

        Une dîme,

        Un dollar,

    Deux dollars par jour.

    Hé, hé, mon garçon !

        Un nickel,

        Une dîme,

        Un dollar,

        Deux dollars

Ça paie les chaussures du gosse.

    Et le loyer à payer,

    Et l’église le dimanche,

        Bon Dieu !

 

Les gosses à l’église

et les femmes et le dimanche

tout ça se mêle aux dîmes

aux dollars et aux crachoirs propres

et au loyer à payer.

        Hé, hé, mon garçon !

Une coupe de cuivre reluisante, le Seigneur trouve ça beau.

Du cuivre reluisant comme les cymbales

    Des danseurs du roi David,

    Comme les coupes de Salomon.

        Hé, hé, mon garçon !

Un crachoir propre sur l’autel du Seigneur.

Un crachoir propre reluisant astiqué de neuf,

Ça, au moins, je peux l’offrir.

        Hein, mon garçon !

Langston Hughes / The Weary Blues