« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Moondog Légende

 

 

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1955 Charlie Parker meurt.

Il avait pris l'habitude de s'arrêter au Moondog corner.

Moondog se souvient de leur dernière poignée de main au Time square, quelques semaines auparavant, en pleine nuit, alors que Parker battait le pavé avec Benny Goodman. Le Bird lui avait dit : « You and I should make a record ». Moondog n'écoutait pas les paroles, juste le souffle.

 

 

1956 Bird's Lament

 

 

1957 Julie Andrews, qui n'est pas encore Fair Lady , chante sur un disque pour enfants composé par Moondog.

The story of Moondog parait. Un plus large public découvre cette musique singulière qui combine rythmes indiens, musique médiévale, influences jazz et accents des Caraïbes. La pochette de l'album est conçue par un jeune publicitaire de talent, Andy Warhol. C'est la maman du publicitaire, Madame Warhola, qui calligraphie la pochette.

Andy Warhol vient de créer sa société de publicité personnelle, Léo Castelli sa galerie.

Andy Warhol commence à porter son propre casque viking : une perruque platine.

 

 

1958 Une fête où l'on ne connait personne.

Moondog is a poet who versifies in sound

 

 

1959 Tapage nocturne.

 

 

1960 Des corbeaux qui s'assemblent et croassent.

 

 

1961 Moondog fréquente Lenny Bruce.

Entre deux de ses séjours en prison, Lenny Bruce l'invite à intervenir dans ses shows de stand-up.

Lenny Bruce cherche à comprendre les techniques d'improvisation de Moondog.

Il voudrait que sa parole, sur scène, jaillisse de cette manière, si libre.

« Well, that's the point Lenny. I want to make it sound free, but every note is written down exactly.»

 

 

1962 Moondog suite

 

 

1963 Moondog, pour un film perdu, partage le plateau avec William S. Burroughs.

Burroughs demande parfois à Moondog de lui jouer quelques thèmes.

Ils parlent ensemble de la musique gwana.

Burrougs évoque la Leïla, veillée thérapeuthique, suite de danses et de chants poétiques.

Souffrance. Exil. Nostalgie d'une terre perdue.

Moondog aime son étrange compagnon.«Moi, je suis un européen exilé.»

 

 

1964 Se réveiller avec l'espoir d'entendre le coucou.

 

 

1965 Librairie City Lights Books.

Ginsberg et Dylan.

Dylan et Lenny Bruce.

Lenny Bruce et Moondog.

Dylan chante John Wesley Hardin avec un g, bien différend.

John Wesley Harding

Était l'ami des pauvres

Il voyageait avec un pistolet dans chaque main

Dans tout le pays

Il a ouvert bien des portes

Mais on ne l'a jamais vu

Faire du mal à un honnête homme

 

 

1966 Moondog continue à jouer dans les rues. Outre ses enregistrements, il vend de petites plaquettes de poésie qu'il auto-édite.

Les livres sont assemblés par des lacets de chaussures. Cette technique donne le nom des éditions : Shoestring Publications.

 

 

1967 Janis Joplin et son groupe The Big Brother and The Holding Compagny reprennent All is loneliness en simplifiant la rythmique, passant du 5/4 au 4/4. C'est leur premier album. Deux singles en seront extraits : All is loneliness et Blindman.

Janis Joplin n'a pas demandé d'autorisation. Qu'importe ces libertés, se dit Moondog, tant qu'elle m'appellera « mon joli chat ».

 

 

1968 Moondog côtoie Allen Ginsberg.

Cet été-là, il passe un certain temps à Cherry Valley, dans la ferme de Ginsberg. De nombreuses figures viennent y séjourner pendant l'été.

Ils jouent parfois au jeu de l'épouvantail : se tenir immobile, dans un champ, le plus longtemps possible.

Il rencontre John Giorno, qui vient de créer Dial-a-poem. Avec l'aide d'un sponsor, Giorno a installé douze lignes téléphoniques qui permettent aux correspondants d'écouter un poème. Le New York Times a consacré un grand article à cette expérience. Les appels se chiffrent en millions. Si Ginsberg prête attention à cela, il semble peu convaincu par les mérites du Pop Art selon Giorno.

 

 

1969 Philipp Glass rencontre Moondog dans les rues de Manhattan.

Il l'héberge trois mois pendant lesquels Glass, Moondog, Steve Reich travaillent ensemble dans une vieille usine désaffectée.

Il rencontre Terry Riley.

Glass et Reich le considèrent comme le père du minimalisme. Moondog refuse cette paternité. « Rythmiquement je suis considéré comme un avant-gardiste mais mélodiquement et harmoniquement, je suis très classique.»

 

 

1969/1970/1971 Moondog et Moondog 2

 

 

1972 Ce nouveau monde est parfois plus vieux que l'ancien.

 

 

1973 « Le plus important, je l'ai appris tout seul, en lisant en braille et en m'exerçant à écouter, afin de pouvoir transcrire sur le papier la musique que j'avais dans la tête. Aujourd'hui, je suis capable de composer sans l'aide d'aucun instrument. J'ai recours au piano pour tester les passages, mais ce n'est pas indispensable.»

Marlon Brando  reçoit un nouvel Oscar. Il le refuse pour protester contre le sort fait aux indiens d'Amérique.

 

 

1974 Moondog disparaît des rues de Manhattan. Certains le croient mort.

Paul Simon, pantalon moulant, déplore sa disparition lors d'un show télévisé.

Il renaît à Francfort où il joue deux concerts et décide de rester en Europe.

Il joue dans les rues de Hambourg.

Il est parfois volé.

Certaines nuits, on lui pisse dessus.

 

 

1975 Ilona Gœbel, étudiante en archéologie, le rencontre alors qu'il fait de l'auto-stop dans les rues de Recklinghausen. Elle le croise à de nombreuses reprises, finissant par établir un lien entre cette silhouette et l'homme dont son disquaire a de nombreux enregistrements.

Pour le Noël, elle demande à ses parents de l'héberger dans leur maison d'Œr-Erkenschwick.

Ils ne se quitterons plus.

 

 

1976 Moondog abandonne sa tenue de Viking.

 

 

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Pierre Hild / Moondog Légende/ Collection Spoom - Éditions de l'Attente