À l'Espérance
Par domcorrieras, le mercredi 1 janvier 2014 - lien permanent
Espérance ! gracieuse ! affairée au bien !
Qui ne dédaigne pas la maison des endeuillés,
Et aime servir, ô noble ! et entre
Mortels règnes et célestes puissances,
Où es-tu ? J'ai peu vécu ; mais déjà mon soir
Respire le froid. Et coi, pareil aux ombres,
Me voici déjà ; et déjà sans aucun chant
Le cœur frissonnant fait somme en ma poitrine.
Là-bas dans la vallée verte, où le ruisseau
Chante chaque jour de la montagne, et l'adorable
Colchique au jour d'automne fleurit pour moi
Là-bas, au silence, ô gracieuse, j'irai
Te chercher, ou quand au minuit
Dans le bois ondoie la vie invisible
Et que sur ma tête les fleurs toujours
Gaies, les fleurs d'étoiles, étincellent
O fille de l'Éther ! apparais alors
Sortant des jardins de ton Père, et si tu ne peux pas
Venir esprit de la terre, effraye, oh je t'en prie
Avec autre chose effraye mon cœur.
Friedrich Hölderlin / Chants de nuit