« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Lui qui nait à la nuit


 

 

 

 

Lui qui nait à la nuit

Qui piétine les heures

Titube dans l’ellipse

Balbutiant l’étreinte

Son couteau dans la poche

Et des remords dans le dos

N’est pas oublié des fleurs

 

Lui dans la trace des ombres

Et ses rêves en chien de fusil

Lui qui répudie l’esprit

Se berçant des seules vagues

Ongles plantés dans la mousse

Tant ses yeux renoncent

N’est pourtant pas si noir

 

Lui à la rouille des cieux

Dans la rage du soir illuné

Qui gamberge en dormant

Sous le souffle des Moires

Jetant ses dés à l’abîme

Et l’oracle à vau-l’eau

N’a plus d’arrière pensée

 

Lui le guinguet caravanier 

Cravachant de molles voluptés

En récitant les pas de l’absence

Se résigne à sa lente poussière

Et quand les arbres s’offrent

Des ports aux rives de l’espoir

N’est plus qu’un ru asséché

© Dom Corrieras / Maizières-lès-Metz - avril 2017