ESQUISSE
Par domcorrieras, le dimanche 6 avril 2008 - Poèmes & chansons - lien permanent
C’est bien avec le poing qu’on récite le jour
quand les désirs sont à plaindre
En montant le volume du corps
les prix grimpent
et la folie est à son plus bas
Des formes terroristes devancent la mémoire
Est-ce bien utile d’inventer de nouveaux visages
alors que les fenêtres ne sont plus étanches
Au verso de la brutalité
il n’y a que de la poussière
et de l’intimité
inventée pour l’anatomie branlante
C’est défoncé et plein d’impasses
et ça chemine vers l’obsession la nuit
Les muscles se profilent au tangage des mots
que la main refuse
Ces moments de flottement entre les paumes
soulèvent des enjeux
que les lèvres ne savent pas dissimuler
La journée en toute maladresse brûle
d’une stimulation affectueuse de l’oeil
dessine des zones de haute précision
Alerte
l’heure sonne la stratégie
quand toutes les paniques ont été regroupées
La ferveur est inévitable
La langue et ses maléfices organisent
des aller-retour d’exil
et même des rapprochements à ciel ouvert
La violence se fait discrète
douce comme un bruissement d’horloge
et la réponse est là
rouge
le soleil se lève encore
l’oeil cousu à la mémoire
du voyageur
qui apprend à mourir
en cours de route
digne de la peur
avant le lait
après les sueurs
et sa descente au fond des sens
comme une digestion
lorsque la bouche à plein régime s’écrie
Attendez-moi
ce grand stress fut oublié
sur la batture
quand un bateau lent passa
aux pieds des enfants
trop grands
trop chers
leurs samedis trop fréquentés
en attendant le dimanche
dans la ville
avec ses secrets qui penchent
tantôt à droite
tantôt à gauche
et le temps qui occupe le temps
quand on n’y est pas
à grands coups de flots
la sève des marées
embrassa le silence
de ces hommes impunis
et leurs femmes ont craché leurs visages
dans les sables que dévorent
les vaisseaux endormis
elles ouvrent au large
leurs hanches
où le coulis fécond
engrosse leurs rêves
infiniment
dans le goudron
devant ce miroir gris
c’était écrit
que l’oeil magique
fixé sur le ventre de l’idolâtre
labourerait ses nuits
sans mémoire
le jour venu
il n’y aurait plus que des noeuds
sur les murs
et une parade de sentiments
d’origine inconnue
sur l’indifférence du tapis
c’était écrit aussi
que la Marie vengeur
du haut de son rêve
briguerait le suffrage théâtral
et qu’elle contesterait les bonheurs
qui font mal
mais ne réveillez plus la femme
qui n’a pas tort
de se lever en retard
surtout quand elle a passé minuit
sans broncher
devant une fenêtre historique
alors que le monde
sous de lourdes paupières
défilait sans payer
devant un vieux fusil
à l’heure dite
on éteignit les lumières
de la rue
jonchée de foules
sous le manteau d’un ange gris
radoteux
pendant ce temps
la superfemelle
qui avalait goulûment son déjeuner
s’étouffa
et vous êtes parti
sans un mot dans les poches
un vieux bout de papier
dans vos souliers
en cas d’urgence
après avoir grugé les villes
à petits pas fauves
vous êtes rentré
par la porte arrière
l’âme chiffonnée
mais le temps n’y était plus
seul un grincement de coeur
enfouissait ses vides
dans les noirs secrets
d’un réfrigérateur
voir ce spasme énorme
au bar des mégots
et les couples à talons hauts
une grosse bière passionnée
dans la foulée de l’oeil
bue comme un rôle sur mesure
un spot majuscule et rose
sillonne la salle
en quête du lieu précis
où se déroulera l’éclat des sens
il pleut à verse sur l’écriture
effaçant les sexes joyeux
ces jeux de théâtre
et le retour
mais ce n’est l’affaire de personne
si la terre vieillit
d’un rêve à la fois
avec son passé antérieur
évaché sur l’horizon
devant les hommes et les femmes
des morts à plaindre
d’avoir vécu
en l’espace d’une poussière
sans rincer l’histoire
à l’eau de Javel
pluvieuse comme un souvenir
d’écriture
quand ce blues est incertain
j’implore les vierges de la modernité
les icônes de la rue
les fonctionnaires et les fous
et je consacre mes jours
à dormir dans la poubelle du coeur
à l’envers
parfois dans la chair
il y a des coups de semonce
du nucléaire qui pouffe de rire
et cette bagatelle qu’on appelle
tendresse
extra-légère "king size".
Huguette Bertrand / Anatomie du Mouvement