« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE FORÇAT MUTILÉ

 

 

 

Feutre des souvenirs
Paupières ô tourterelles
Chaume du cœur ouvert
De limons et d'années
Me rendrez-vous mes mains

Clémences saisonnières
Toujours entre les yeux
Le toit bleu qui voltige
L'épaule et la mansarde
Havres de mon amour
Et la mer ses goélands
Ses plus hautes tours

Ô femme que j'avais
Cernée de tiges molles
Enfant qui bondissait
Dans son ventre léger
Me reconnaîtrez-vous
Si je force la porte

C'est un homme qui parle
Entre les autres hommes
Et cache dans sa voix
Une âme mutilée
Ah rendez lui ses mains
Il a beaucoup pleuré.

 

René Guy Cadou / La vie rêvée
Photo : Hélène et René Guy Cadou, les jours heureux