« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L'homme qui marche

 

 

 

La falaise s'effondre
Par moments sur la pente les herbes sèches frémissent
Un peu partout dans le vaste panorama
Par moments les fils électriques stridulent
Debout aux confins de cette ville-là
Allez savoir pourquoi tirer sur une simple cigarette est si bon

Ce n'est qu'un chemin désolé qui se déroule
Sous la lune diurne
Parfois il arrive qu'un homme
Venant de loin vers ici se rapproche
Ce n'est rien de plus que cela
Qui fait croire que l'automne du monde se fera plus intense
Seul l'homme qui marche sur ce chemin de solitude assurément
Connaît les frissons nobles et froids

Tout passe
Mais dans le bref instant où en silence tu le croiseras
Quelle beauté inouïe tu découvriras
Sur le front rendu blême par la tristesse
De l'homme vêtu des habits noirs du deuil
Par exemple tu pourrais surprendre un remous de petites boucles de cheveux !

 

Ayukawa Nobuo / Poèmes 1945-1955
traduit du japonais par Karine Marcelle Arneodo