« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MATUTINALES


 

 

I

 

Le pavé bleu, tranquille,

De rêve encor mouillé,

Tremble du bruit zélé

De la naissante ville

 

Et l'angélus et les

Corneilles vont piller

Le bel espoir lié

Des amants et la vie,

Banale, se déplie.

 

Mais avant de gagner

Son royaume de toiles

D'araignée, un dernier

Trouvère a sifflé les étoiles.

 

II

 

S'envole la buée,

Qui cachait le Pays.

Et voici la ruée

Des oiseaux réjouis,

Des chansons délurées,

Des parfums et des bruits

Qui monte à la curée

De l'azur d'aujourd'hui.

 

La voix exténuée

Des gueusards, des maudits,

Ah ! cette voix muée

En humaine huée

Qu'elle aille contre l'huis,

Tonner du paradis.

Robert Laverny / Reflets