« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA TRÉPIDATION


 

 

La trépidation

Entre-choque en cadence

Les planches et les nuques ;

Les yeux craignent le son ;

On dirait qu'ils entendent

Le bruit des wagons rudes,

Et qu(-'ils se ferment pour

Remplacer le silence

Par la douceur de l'ombre.

La trépidation

Comme un marteau de porte

Cogne contre les crânes.

Leur colère d'oiseaux qui boursouflent leurs ailes

Force les deux pistons à dégainer les bielles ;

Ils commandent la multitude élémentaire ;

Et le train que leurs ailes soulèvent des rails

Glisse comme un rayon de soleil où tressaille

En cadence de la poussière d'univers.

Jules Romains / Un Être en marche