« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Faudra-il laiſſer à l'auanture


 

 

 

Autre,

Sur l'air, Vous qui corrompez le jus bachique, etc.

 

Faudra-il laiſſer à l'auanture

Nos brebis à la gueule des loups;

Mes compagnons à quoy ſongez-vous,

Si ces loups en font leur pâture,

Cette perte nous ruïneroit tous.

 

Non, Bergers, abandonnons nos granges,

Et quittons ſans crainte nos troupeaux,

Laiſſons les paſtre ſur les coſteaux,

Puis que ces officieux Anges

Nous les garentiront de tous maux.

 

Ie vay porter vne brebiette

Dont la laine ſemble de cotton,

Pour l'offrir à ce diuin Poupon,

 

Toy Guillot porte ta muſette,

Où tu luy joüeras vne chanſon.

 

Toy, que luy donneras-tu Perrette,

A cet Enfant ſi rare & ſi beau ;

Tu luy feras preſent d'vn berceau

Porté par ton vallet Narette,

Et du drap pour luy faire vn rideau.

 

L'on dit q'vne Vierge en eſt la mere,

Qui l'a mis au monde cette nuit,

Dans vne grotte obſcure ſans bruit,

Sans lit, ſans ſecours, ſans lumiere,

Où tres - pauurement il eſt reduit.

Françoise Pascal (1632-1680?)/
Cantiques spirituels, ou Noêls nouveaux sur la naissance du Sauveur, sur les beaux airs de ce temps. Par M. P. fille. 1672.