PAN !
Par domcorrieras, le dimanche 31 janvier 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
PAN !
l'homme est tombé
là-bas à l'orée du village
Depuis que je tournais aux quatre vents soufflant
ni sur d'antiques arcs romans
ni sur des ogives gothiques ridées
— simplement parée de vertus modestes et plus
récentes
sur un clocher au cœur des disputes —
c'était mon premier mort, je crois. Il y avait eu
les forçats de pierre de taille
les excommuniées aux ongles acérés
les bêtes de somme et de trait
les chemins de poussière
les serfs aux mains et pieds calleux
les paysans télévisés
les uniformes rayés, unis ou à pois
les cercueils hermétiquement clos
les abeilles désorientées
les chemisiers qui frétillent au vent
les frontières remodelées à l'envi
les tabellions chafouins
l'asphalte brûlant
les visiteurs cylindrés
les écouteurs vissés
et que sais-je encore ? pendant
ces siècles clairsemés, sous mon perchoir
les vies se sont succédé
— misérables, sereines ou finalement emboîtées —
Embusqué, le tirailleur
faisait trembler de ses coups
le bronze qui m'a fondue. Me marteau
inexistant des cloches vacillait
d'un mouvement primesautier. Croire
à la destruction semblait une chimère.
Et pourtant…
En moi d'apparence impassible résonnaient
les harmoniques assourdies d'un concert
de louanges à la nation souveraine
que ma flèche pointait
aux vents dominants
mais laquelle ?
Florent Toniello / FLO[T]S