« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Tourner bride vers le poème


 

 

Tourner bride vers le poème, je dois beaucoup à ce double-moment, le crobar et la criée de verbe, le tout agrémenté d’une panoplie de nuages très au-dessus de la covid, soudain parole de Toussaint on se sent bibliothèque de chaos occupé à soumettre la beauté du monde pile à l’endroit où s’exhibe l’essentiel, t’emmerde pas à frissonner on peut se réchauffer aux flammes du texte oui, se moucher dans un livre pis se dire qu’hormis lui tout est fade et cruel c’est-à-dire loin de ce domaine pure fantaisie où l’on chérit combien ils sont beaux sur toutes les montagnes les pieds du Messager qui apporte la paix, par ici mon cher Isaïe on survit seulement et à grosses godasseries dans le cul ! le héros est ce Facteur dont le pied-bot n’a jamais pris de vacances, qui édifie malgré tout son Palais-Idéal, quitte à saluer des corps de femmes, des corsets de sentiers perdus en Corse, des pentes de pages drues qui ont des lettres, des bosses de rhino c’est-y pas rosse de les dompter : vive la sauvagie en panne d’académie ! Rien ne sert de Socrate il faut braver la ciguë. Je sais que le feu de cerveaux plein à craquer de bougies mettra l’avenir aux angoisses, fera de la circonvolution des faux-culs, une mécanique indomptée et que la messe de prière de Claudel gagnera autant que la frimousse de Céline, la madeleine de Proust en moins. Rimbaud s’est bien gardé d’encombrer les Banques. Je vois un Trump au pied d’un building de cervelas qui mourra de faim selon la très sainte pauvreté, c’est tant mieux.
                                                                            bruit de faux-derche, on voudrait mener à Noël mulets de pé Noé, vitraux noirs et vitrines étouffantes, mais
l’homme est bientôt l’inventeur de ruines interstellaires, y a qu’à compter sur ses futures tueries coloniales, tant partout on est capablement près à en certifier l’ex-cellence ! Tourner bride vers le poème, c’est grand oui éloigner tous les Coronavirus …

Claude Billon - carte postale - 03 novembre 2020