« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L’ÎLE À HÉLICE


 

 

L’accident matériel s’est produit les biens Jonchent le sol les blessures se comptent Celles produites par le sang sur le corps
Car la cassure est venue sans que l’on s’en Doute le choc un sinistre bruit et tout ce
Qui casse dedans pour aller à l’extérieur
On est si peu de choses et justement pour Exister il fallait cette addition de tout plein De choses sorties sur le palier un cerveau N’apparait nulle part c’est un accident bon Sang mais la crainte afflue pour son intimité Mise en morceaux instruments de musique Partitions rares jonchant le sol il va falloir Ramasser ces étendards peut-être blessés Comme on ramasse sa vie même si aucune Blessure n’est à déplorer l’impression que La vie aurait pu finir dans cet éclat de rire La honte augmente de la tôle froissée et un Furieux contretemps oblige à insulter dieu La nuit monte elle effraie les petits enfants La nuit rassemble les affaires mortes plus Rapidement que ne le ferait un cercueil en Quelques cordes la vie sonne faux lorsqu’un Voyage commence mal il n’y a plus de doute Possible rien ne sert de s’énerver il va falloir Prendre la route avec ses bribes et horloges Accrochées au cœur continuer l’existence Avec des mesures plus proches du hoquet Croire à une nouvelle étoile dans le ciel qui Ne se montre pas malgré nos prières aller Droit devant soi en traînant ses souvenirs

Patrice Maltaverne / Jeunes et vivants (extrait)- Précédemment publié sur le site Poézibao, ainsi que de nombreux autres textes de cette série. Voir ici : https://poezibao.typepad.com/poezibao/2020/07/feuilleton-jeunes-et-vivants-de-patrice-maltaverne-
Photo : Murielle Compère-Demarcy et Patrice Maltaverne;