« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Ça grogne dans les tripes


 

 

Ça grogne dans les tripes, c’est chez des bons gens et ça hurle, une plâtrée de pollen ça ne suffit pas aux affamés, l’argent national soigne avec la Mort ses moutards de virus, on use de masques pour démasquer le Coronavire qui se noie dans l’amertume la mer des corruptions ô la merveille brûlante qu’on aurait pu libérer

en accueillant Partage et pureté de mieux partager, la locomotive

de mille tableaux depuis le Cri de Munch, le Déjeuner sur l’herbe, Breughel dans l’air et du maigre d’homme dans tout le pays pour que chacun bouillonne de brouillon propre : oui qu’on essaie cette Noblesse d’offrir en saison printanière, en hiver bougre en été bien vu comme à l’automne pas du tout crevard, on essaie la succulence de ce bonheur : partager ses doigts un doigt de pain, ses mains un pied oui c’est le pied cette expérience amoureuse : offrir on donne on secoue le cocotier oui on partage ! c’est luxuriance nouvelle figure et visage découvert on déploie sur le champ toute cette puissance de croiser ses navires au large de nous-mêmes !  Navires cales pleines de conversation et bonne aventure on est tous des Migrants à la merci d’une peur enfantine : vais-je manger confiné ou libéré dans l’acte de faire manger les autres !  un costume inusable que la fringale des arcs en ciel penchée sur nos heures grises, les gens se fichent dedans quand ils pensent que les beaux jours relèvent la tête pour un bonheur hardi et couillu. L’amitié pour la sérénité n’est plus la même. Le deuil s’est jeté à notre tête avec des pluies d’embuscade. Des larmes à plein remplir les vases de nuit. Ça grogne de jours sales. On avait crocheté un congé de silence au cul des mouches, le bruit rattrape le coup ! tout ça poignarde bonaparte, grognarde en Waterloo, société aux muscles lourds, gens masqués pour masquer leur côté canard boiteux, j’en suis !  taillé dans la toile des soutiens-gorges, le masque du Soleil est placé haut en ciel de lit mais par suite d’une aventure avec un croronafrousse, ça nous donne un bonhomme prêt à crever d’ennui.

Le pire, maculé au gris dérisoire, brouillé avec les paisibles, brutalisant les lâches de cœur, tous bandits agisseurs vers le désastre ! suis libraire des odeurs mortifères, ça pue le soir pis chaque soir dans ce Village, on désamiante la vieille Gendarmerie mais qui en démasque l’état-civil, désemmaillote le danger ! tu as raison cher (...) ça fouette le vieux temps d’avant qui avance comme avant, nous frappe avec ses moteurs poli-vieux de mille ans, passe ton vieil os de survivant au carbone 14, merde au bicar- bonate alimentaire ! Affectueusement vous dire oui au partage

au quelque chose de bleu serein à la désolation de vous quitter

sans faire une lettre d’abord pour un meilleur fort, pour serrer votre main dans l’émotion, pour offrir talent de bleu, un retour

de bâton fou de schlague quitte à quitter l’indifférence, quelle joie sera miracle et fidèlement amoureuse à l’énoncé du poème : la beauté revient là où nous attendait la Paix Ah, se nourrir de silence on a failli en vivre mieux pis bruit reprend sa griffe utile

à la villagerie, le silence on le tient en laisse, il se vexe ou se laisse

tomber sombre ! L’ingénierie silencieuse, l’ingénierie chant d’Oiseaux, l’ingénierie poème offert, miracle quotidien : sus à la Déchetterie ! la saison très désirante à nous angoisser, merde à l’économie pingre, ô les sacripants de la fumisterie ont gagné une fois encore, en salissant notre corps en resalissant notre cœur. Voulais cela, que vous m’accordiez ce moment d’entretien, je tiens

à vous le dire, ne veux que son bien au poème, une demi-heure plus table rase, je penche vers masque noir et fait mon Zorro !

Ça grogne dans moi, toujours panne et la gestuelle prudente et

sainte envie de transformer en poudre d’émeraude, toute ma bonne suie hop là user d’un chaud Kiné pour mettre l’être tout entier à bonne école, vais mieux

 

mais y a pas d’quoi reprendre le pont d’Arcole !

Claude Billon - mai 2020
photo : Le Claude, chez moi.