« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PLEINEMENT


 

 

Quand nos os eurent touché terre,

Croulant à travers nos visages,

Mon amour, rien ne fut fini.

Un amour frais vint dans un cri

Nous ranimer et nous reprendre.

Et si la chaleur s’était tue,

la chose qui continuait,

Opposée à la vie mourante,

A l’infini s’élaborait.

Ce que nous avions vu flotter

Bord à bord avec la douleur

Était là comme dans un nid,

Et ses deux yeux nous unissaient

Dans un naissant consentement.

La mort n’avait pas grandi

Malgré des laines ruisselantes,

Et le bonheur pas commencé

A l’écoute de nos présences ;

L’herbe état nue et piétinée.

René Char / Joue et dors
Photo : Portrait de René Char à L'Isle sur Sorgue, par Marc Trivier