« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

nos huttes sont chaudes & notre pain est blanc


 

 

nos huttes sont chaudes & notre pain est blanc

dehors rôdent des ombres avec leurs ongles sales elles

grattent le bois de nos portes & de nos cœurs

va  ! nous continuerons

même en mourant à quarante ans au bord d’une vie

qui n’a jamais été la nôtre  -

au bord tout au bord à la frontière périlleuse

l’aube se lève nous sommes les premiers

à l’apercevoir & parfois son éclair nous frappe

& le temps s’effondre dans la coupe de nos mains

& parfois l’aube nous adoube & nous

nous promenons en gloire au milieu des rues

noires en semant sous nos pas l’incompréhensible

sublime aux incompréhensibles passants

Jos Roy / choix de textes pour Le Bordel des Poètes