« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Les montagnes - Le montagne


 

 

Elles occupent telles d’immenses femmes

le soir :

sur la poitrine les mains de pierre réunies,

elles fixent les débouchés des routes, taisant

l’espoir infini d’un retour.

 

Muettes dans leur sein, elles mûrissent des enfants

à l’absent. (Des voiles l’avaient appelé

là-bas, ou bien des batailles. D’où azure et rouge

leur apparut la terre). Maintenant à l’écroulement

de pas sur les graviers

elles tressaillent grandes dans leurs épaules. Le ciel

bat en sursautant de ses cils blancs.

 

Mères. Et elles dressent leur front, écartent

de leurs vastes yeux les branches des étoiles :

si au bord extrême de l’attente

ne naîtrait une aurore

 

et au ventre aride fleurissent des roseraies.

 

Pasturo, 9 septembre 1937

 

 

 

 

…………………

 

 

Occupano come immense donne

la sera :

sul petto raccolte le mani di pietra

fissan sbocchi di strade, tacendo

l’infinita speranza di un ritorno.

 

Mute in grembo maturano figli

all’assente. (Lo chiamaron vele

laggiù — o battaglie. Indi azzurra e rossa

parve loro la terra). Ora a un franare

di passi sulle ghiaie

grandi trasalgon nelle spalle. Il cielo

batte in sussulto le sue ciglia bianche.

 

Madri. E s’erigon nella fronte, scostano

dai vasti occhi i rami delle stelle :

se all’orlo estremo dell’attesa

nasca un’aurora

 

e al brullo ventre fiorisca rosai.

 

 

Pasturo, 9 septembre 1937

Antonia Pozzi / Poèmes
traduit de l’italien par Camilla Maria Cederna