Les montagnes - Le montagne
Par domcorrieras, le jeudi 19 septembre 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
Elles occupent telles d’immenses femmes
le soir :
sur la poitrine les mains de pierre réunies,
elles fixent les débouchés des routes, taisant
l’espoir infini d’un retour.
Muettes dans leur sein, elles mûrissent des enfants
à l’absent. (Des voiles l’avaient appelé
là-bas, ou bien des batailles. D’où azure et rouge
leur apparut la terre). Maintenant à l’écroulement
de pas sur les graviers
elles tressaillent grandes dans leurs épaules. Le ciel
bat en sursautant de ses cils blancs.
Mères. Et elles dressent leur front, écartent
de leurs vastes yeux les branches des étoiles :
si au bord extrême de l’attente
ne naîtrait une aurore
et au ventre aride fleurissent des roseraies.
Pasturo, 9 septembre 1937
…………………
Occupano come immense donne
la sera :
sul petto raccolte le mani di pietra
fissan sbocchi di strade, tacendo
l’infinita speranza di un ritorno.
Mute in grembo maturano figli
all’assente. (Lo chiamaron vele
laggiù — o battaglie. Indi azzurra e rossa
parve loro la terra). Ora a un franare
di passi sulle ghiaie
grandi trasalgon nelle spalle. Il cielo
batte in sussulto le sue ciglia bianche.
Madri. E s’erigon nella fronte, scostano
dai vasti occhi i rami delle stelle :
se all’orlo estremo dell’attesa
nasca un’aurora
e al brullo ventre fiorisca rosai.
Pasturo, 9 septembre 1937
Antonia Pozzi / Poèmes
traduit de l’italien par Camilla Maria Cederna