« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Lombric


 

 

Ignorant les matins des aubes bleu-dorées

Aux confins d’une nuit, affairé sous nos pieds,

En longueur, le lombric s’applique dans la glaise

À modeler, creuser, digérer, ranimer

Ce monde piétiné, stérile et anémié

Par tant de blessures, partant - n’en déplaise -

Des veines humaines aux désirs spécifiés.

Sans supplique, il claudique en ermite appliqué,

Produisant ses lignes d’horizons ramifiés

Avec sagacité. Il allège. Il apaise.

De sa subtilité de petit ver brisé

Il trace la racine et la cime alliée.

Misérable rêveur, ses contemplations taisent

Le bleu des mésanges, effroi du supplicié.

Benjamin Milazzo / Ravissement - sonnets barbares