« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Assis sur un fagot, une pipe à la main…

 

 

 

Assis sur un fagot, une pipe à la main,

Tristement accoudé contre une cheminée,

Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,

Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

 

L’espoir qui me remet du jour au lendemain,

Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,

Et me venant promettre une autre destinée,

Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

 

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,

Qu’en mon premier état il me convient descendre,

Et passer mes ennuis à redire souvent :

 

Non, je ne trouve point beaucoup de différence

De prendre du tabac à vivre d’espérance,

Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.

Marc-Antoine Girard de Saint-Amand / Chimères