« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

c’était un très vieux temps pour de neuves amours


 

 

c’était un très vieux temps pour de neuves amours

(ou l’inverse) l’amour est toujours neuf

et jamais il n’exige une preuve par neuf

l’instituteur est là penché sous l’abat-jour

 

il oublie la syntaxe et le calcul mental

il meurt à petit feu le pauvre c’est l’hiver

dans ses livres fermés et dans son cœur sévère

une tempête en lui fait un boucan fatal

 

et moi cancre éperdu coiffé d’un bonnet d’âne

j’attends que la maîtresse au piquet me condamne

afin que son image en moi demeure vive

et nue comme l’image arrachée à ce livre

où les amours d’antan sur papier s’éternisent

 

(ainsi l’instituteur rêve à l’institutrice

et si je l’avais su aurais-je été plus triste ?)

Jean-Claude Pirotte / Le très vieux temps