« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Mouvement


 

 

Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,

Le gouffre à l’étambot,

La célérité de la rampe,

L’énorme passade du courant

Mènent par des lumières inouïes

Et la nouveauté chimique

Les voyageurs entourés des trombes du val

Et du strom.

 

Ce sont les conquérants du monde

Cherchant la fortune chimique personnelle;

Le sport et le confort voyageant avec eux;

Ils emmènent l’éducation

Des races, des classes et des bêtes, sur ce Vaisseau.

Repos et vertige

À la lumière diluvienne,

Aux terribles soirs d’étude.

 

Car de la causerie parmi les appareils, — le sang,

              les fleurs, le feu, les bijoux, —

Des comptes agités à ce bord fuyard,

— On voit, roulant comme une digue au delà de la

              route hydraulique motrice :

Monstrueux, s’éclairant sans fin, — leur stock d’études ;

Eux chassés dans l’extase harmonique,

Et l’héroïsme de la découverte.

 

Aux accidents atmosphériques les plus surprenants

Un couple de jeunesse s’isole sur l’arche,

  — Est-ce ancienne sauvagerie qu’on pardonne ?

Et chante et se poste.

Arthur Rimbaud / Illuminations