« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

CENTON


 

 

    Vous recherchez mon point faible, ma faille ? Sa découverte vous permettrait de m’avoir à merci ? Mais, assaillant, ne voyez-vous pas que je suis un crible et que votre peu de cervelle sèche parmi mes rayons expirés ?

 

    Je n’ai ni chaud ni froid : je gouverne. Cependant n’allongez pas trop la main vers le sceptre de mon pouvoir. Il glace, il brûle… Vous en éventeriez la sensation.

 

    J’aime, je capture et je rends à quelqu’un. Je suis dard et j’abreuve de lumière le prisonnier de la fleur. Tels sont mes contradictions, mes services.

 

    En ce temps, je souriais au monde et le monde me souriait. en ce temps qui ne fut jamais et que je lis dans la poussière.

 

    Ceux qui regardent souffrir le lion dans sa cage pourrissent dans la mémoire du lion.

 

    Un roi qu’un coureur de chimères rattrape, je lui souhaite d’en mourir.

René Char / Les matinaux / Joue et dors