« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Prières


 

5

Je ne veux pas mourir

Comme un renard traqué dans son terrier

Le cœur plein de fiel et de haine

Je veux mourir rayonnant d’amour

J’accepterai, Seigneur, la souffrance purificatrice

Qu’à mes derniers instants tu m’enverras.

Fais seulement qu’elle ne soit pas

Au-dessus de mes pauvres forces

Que je traverse le tunnel

Trempé de sueur et de sang

Sans me noyer dans ses ténèbres.

Et qu’au bout, tout au bout,

Je vois, comme une source fraîche,

Pointer une aube de Lumière.

7

Je me tords comme un ver foulé par le talon

J’accepte mes souffrances pour payer mes erreurs

et aussi celles des autres.

Mais Seigneur je t’en supplie

Donne-moi la force de les supporter

Protège ceux que j’aime garde-les de toute chute

Seigneur je t’en supplie

Ne laisse pas la haine tordre mon cœur

et le blasphème tordre ma bouche

Seigneur je t’en supplie

Ne me laisse pas céder au désespoir

Et provoquer moi-même ma propre destruction.

Seigneur je t’en supplie.

Donne-moi le courage de vivre,

Aide-moi à poursuivre la tâche

que m’a tracée le destin. Aie pitié de moi.

André Jeanmaire / Poésie à Metz 1982 - Maison de la poésie en Lorraine / Dire 38 page quatre