« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

longe

 

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je t’ai appelé
Vide
et rempli de pain beurré, de viande
de réglisse, et de bière
je t’ai appelé vainqueur
là où tout se vide.
Je t’ai appelé vider, voyage, et chuchotement
et Vent rebroussant les dunes.

Je t’ai appelé silence, et comme je chuchotais encore

comme c’était insensé, alors je t’ai appelé Au Dehors
l’endroit n’appartient ni à l’un ni à l’autre,
une sorte d’impasse
avec ses pavés en quinconce, réguliers
j’ai tenu et dessiné
le contour de ton corps irrégulier, sans règle
sur les joints minces, pleins de terre.

Je t’ai appelé tout le temps de mes grossesses, et tenu
dans tous tes noms
je t’ai appelé au téléphone - et parlé.
Je t’ai appelé de mon propre prénom,
et tu es venu tu t’es couché à mes pieds.

Les yeux nous servaient à nous voir, je t’ai appelé
Faim
à défaut d’un autre nom.
Et toi, tu viens toujours du Vide -
Viens toujours.

Claire Ceira / Aquilin