printempsivement
Par domcorrieras, le mercredi 4 avril 2018 - Poèmes & chansons - lien permanent
Au ventre mou
un peu soupe au lait,
oui à cette soupeaulaiterie nous
offrons des orages, des nerfs fatigués,
trafiqués, des voix en quenouille, nos dimanches
pressés par l’inquiétude, pis hop le verbe, le vin bourru
brouillon de cuisine ardente, avec de l’eau de vie de poème,
et si on bavassait moins de kônnerie,
ah si on offrait chose de nous
autre que des kalachnikovs, choses d’encres
pas meurtries en usine, chose qui sent
bon le cœur, comme de la vie épargnée,
de la vie partagée, oui la vie versée
par le verbe extravagant d’amour, voici du rince-bouche,
du mot parfumé, l’élan un peu réfréné mais qui
explose soudain devant devient alors le Petit-prince
ô ce vieux facteur resté en nous, le voici
en lévitation soudaine, incapable de reprendre pieds, beau
à toucher les anges, les anges qui n’existent que si
on les loge dans un cœur immense, amoureuse aventure oui,
comme un feu qui ronfle, comme un texte de feu
qui fait théâtre et chemin de traverse et route praticable,
pour du meilleur jour, pour de la bonne heure, et ce,
malgré les mots très féroces, malgré le guili-guili
fait dans le cou du diable, la Poste chaque jour
que dieu fait elle mérite son va-au-Diable ! nous reste
le Soleil, estropié de naissance, qui roule fontaine et lumière
de béton comme la chapelle de Ronchamp,
la rouspétance des poètes
est un mauvais sort pour la sottise
de ceux qui mettent à l’étouffement la tarentelle, la fraternité,
la valse de Chopin et le chant d’oiseau …
contre les caravanes de nos vannes qui expulsent les gitans
contre les propos de l’agonie
les mots gluant de marécagie !
les perles rares de la jactance
leur mise à mots la langue des morts
leur langue de pute aux dents cassées
soudain, au beau milieu de la ruine-poussière
l’enfant se lève, salue sans besoin de coup d’éclat militaire
cette lumière apprise de lui-même : j’y veux ça printempsivement,
oui pour l’ardeur du Printemps,
je m’ferai Poète !
Claude Billon