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Par domcorrieras, le mardi 10 octobre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
(…)
l’Éternel est mon berger je ne manquerai de rien1
e ieu che mi sieu tan pantailla
so plus excrire aquela lenga e so mancou la parla
Il est défendu de cracher
et de parler patois
laïssa parla li autres pitchoun
laïssa parla li autres…
Guy d’Ussel Peëre Vidal Guilhem de Cabestanh Rambaud d’Orange Bernard de Ventadour Peire d’Auvergne Folquet de Marseille Jaufré Rudel Rambaud de Vaqueiras Bertran de Born Raimon dé Tolosa Elias de Barjokls gaulcem Faidit Pons de capdeuil Gavaudan lou vièu Bernard d’Auriac Arnaud Daniel Peyrols Aymeri Berrenger de Palasol Roman de Jaufre Barthelemi Zorgi Caminal Albertet Marquis Giraud de Bourneuil… e tan d’autres !
beaux pages beaux mages beaux troubaïres
explosés dans les mots
beaux beignets dorés tombés tout vivants
tout crus tout chauds dans le temps : pulvérisés
tremoulant din lou tems
Bodhisattawas
êtes à éveil assis le cul dans l’herbe le soir
au feu de camp tous réunis
Missionnaire Porteurs de Paroles Crieurs Publics Étrangeoïdes
Avatars
ce n’est qu’un au revoir mes frères ce n’est qu’un…
amor e joy e paratge
et tant et tant d’autres cités ici ou non cités encore et présents
cependant
Dis Aups i Pirènèu, e la man din la man
Trouba¨re, aubouren dounc lou vièi parla rouman
des Alpes aux Pyrénées l’Ancêtre
Qui si vulgari, id est, romanâ linguâ, loqueretur, omnium aliarum putaretur incius
(s’il parlait en langue vulgaire, c’est à dire romane, on eut dit qu’il ne savait que celle-là)
Princes mendigots Serfs Félibres d’ier e d’ancueiu
Allan Sergi Bec Guy Broglia Joan Bodon Delbeau Espiut Felip Gardi Robert Lafont Joan Larzac Lesfargas Mans de Breish Marti Pecout Peissamessa Jorgi Rebol Ives Roqueta SEguin Vashelas Alan Ward Bernard Manciet Tanta Vitouria Andrieu Abbe Alan Peglion Joan Luc Sauvaigo… tan e tan Siam pas solets !
D’aliscamps à Nissa Cap di Prouvenço Terra Amata
de la colline de la Figue au versnat des sorbiers
du plateau des olives au coteau de la vigne
de la plaine de l’avoine au jardin des nèfles
du val des pastèques à la rivière aux myrtilles
de l’oued Paillon à l’erg de la Montagne Sacrée
la montagne aux aromates…
Maître de la nuit et des fontaines
Mestré dou Mounta-Calla
Maître de la veille et du sommeil
Maître de toutes choses et de tous êtres
Ô Grand Sachem Sachem entre tous les Sachem
Deum de Deo Lumen de lumine :
l’Éternel est mon berger je ne manquerai de rien
(…)
ô pays indien rempli de chênes de pins de truffes de micocoules rempli de ronces d’orties de caillasse de ruines d’ouastaou abadaiha Camp Long Lou Caïre Grand Defens La Scalpa La Vernéa Val dé la Frema mouorta Lé 4 camins carrefours où se rencontrèrent se combattirent firent alliance Ligures Celtes Phocéens Latins Wisigoths Burgondes Ostrogaths Francs Sarrazins leurs tombes les sources doun lei homes am begut3 châteux monuments chapelles abadies calvaires souvenirs signes rances et gais cabanons cantouns divers masures bergeries fours à pain puits moulins granges grottes de Marthe d’Honorat carrières de Péchiney de Spada basaltes micachistes baixite porphyres granit dolomie gness grès fossiles chrysalides :
À VENDRE
pays en long en large en travers pays grands poumons marins et montagnards — « dis Aups i Pireneu e dé la mar fins qu’a la Louira » — pays grande respiration souffle immense couché sur les Amours pays de fantastiques copulations pays de sublimes extases d’indicibles méditations pays natal
À VENDRE
pays en long en large en travers bas haut pas fragile
en relief en creux en volume pays de toutes les dimensions
possibles
impossibles inimaginables pays partie du Tout
À VENDRE
Ô santa ô putana ô vierja Santa puta vierja santa
maîtresse de l ‘éphémère et de l’immortelle
amante du roc et de la fumée
maîtresse du phénix et de la salamndre
Terre Terre tu n’appartiens qu’à celui qui t’aime et te comprend
te cultive heureux élève ses bêtes familières laineuses
bêlantes chevrotantes meuglantes aboyantes braillantes hennissantes
glapissantes cquetantes — quel chahut ! ché bouzin ! — haletantes
vélantes vagissantes lactantes langantes boulégantes
tu n’appartiens pas à qui te vole te revend te spécule
— ce serait trop facile ! —
mais à celui qui passe ou qui s’arrête
Donnée à qui travaille ou se repose
tu appartiens à qui ne te possède pas : celui sans projet
tu appartiens à tous exactement
au même plan d’un même droit d’un même devoir
come l’aria che respiren
e l’aïga che buven : Coupo Santo
(infiniment infiniment à dire
infiniment infiniment à taire
les émotions sont éternelles
la vie est ronde et se retrouve tout change tout revient)
(…)
Les deux chiens-divins black and white sont une seule et même personne
— comme violet et rouge opposés les plus proches du spectre
systole et diastole tout va couple par couple
les marées la veille et le sommeil Hyde and Jekyll
et après la pluie le beau temps ! les rires et les larmes !
ah ! ah ! ah ! ah ! ridicule ! victorien ! manichéisme périmé !
rigolez bien vrais faux prophètes marrons-nous ensemble
moi sans me laisser perturber par Honrable Contradicteur
je poursuis Prémunition prémonitoire…
telles les deux effigies pile et face de l’écu reversible
gravées dos à dos
immobilité combat chaleur d’été
hiver mouement la fait naître
colme les courants du corps rééquilibrés par l’apucunpture
plumes et plomb or et boue eau et feu
couple par couple
et deux engendre trois…
jet d’oiseaux vers le ciel jet d’oiseau vers le sol alouette et faucon
la lumière comme l’ombre rendent aveugles
Avec mon squelette just under the skin
je suis un homme vulnérable Ému pour un rien
j’en suis heureux te remercie
Maestro du positif et du négatif du proton et du neutron
de m’avoir fait vulnérable dans ce monde pas bien marrant
pas très sympa tel que l’homme ce bâtisseur de ruines
impatiemment le défait le remonte sens dessus dessous
Monde Meccano Complexe
Agnus Dei qui tollis peccta mundi
Dona nobis pacem
Alors
mains jointes bras écartés debout tendu vibrant fermé ma
grande gueule enfin
paupière de l’œil spirituel entrebâillée
replié à genoux concentré yoga de l’harmonie
vital abdominal neurovégétatif orgasmique
OC
AUM
invocation à Toi
vieille mère Occitanie
qui survit à travers les âges
de l’âge du mana à l’âge de l’anthropomorphisation
de l’âge mythique à l’âge du monothéisme
de l’âge de l’Unique Omniscient à l’âge du Grand Athéisme
Matérialiste
Vishnou toujours étendu immobile sur Ananta le Cobra
Ome d’oc as drech a ta paraula
AUM
parodie du célèbre discours pronouncia dins l’assemblado solitario
de la Levetta duran li mès de maÏ — juin —juillet — sétembre 1973
per li jo flaurau tengu dins la vila coumtale di nIssa
e per lou festin di cougourdoun
avec en regard traduction franque du même
Chanson gestante pour un pays moribond
Bardho Thodol eb patois de vilain
Cantique funèbre et solitaire de l’ultime sauvage
— dernier des Mohicans avant-dernier des Occitans —
agonie du cygne blanc à déclamer les armes aux yeux
du Var à l’âme et larmes au pied du mont Ventoux
et dans une émotion réelle et non feinte
Chantars no pot gaïre valer
Si dins del cor no mov lo chans4
ou bien s’abstenir
et puis qu’importe :
enfant d’été a paternel hivernal
la fin est mère du commencement
et le passé contient la nourriture de l’avenir
étant moi-même Éternel mon Berger je ne manquerai de rien
ti saluti Occitania che mori e naïssa
amor e joy e paratge
mi resta encor lou souleu
je ne vois plus que le soleil
Ô sant souleu5
1 - Livre de Jérémie
2 - Frédéric Mistral
3 - Idem « les hommes ont bu »
4 - Bernard de Ventadour : « Chanter ne peut guère valoir / si du fond du cœur ne vient le chant »
5 - Théodore Aubanel : « Ô saint soleil »
Daniel Biga / Oc (extrait), in "Le poète ne cotise pas à la sécurité sociale"