« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Où Elle se plaint du sort


 

 

 

Où Elle se plaint du sort : Elle insinue son aversion pour les vices et justifie son goût pour les Muses

 

 

À me poursuivre, Monde, que cherches-tu ?

En quoi t’offensé-je, quand je ne cherche

qu’à mettre des beautés dans ma raison

plutôt que ma raison dans les beautés ?

 

Je n’estime ni les trésors ni les richesses ;

ainsi, je n’éprouve plus de contentement

à mettre des richesses dans ma pensée

plutôt que ma pensée dans des richesses.

 

Je n’estime aucune beauté qui, vaincue,

est la dépouille civile des âges,

ni la richesse fausse ne me plaît,

 

car je crois meilleur, en vérité,

de consumer les vanités de la vie

que la vie en vanités.

 

 

 

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Quéjase de la suerte : insinúa su aversión a los vicios, y justifica su divertimento a las musas

 

 

En perseguirme, mundo, ¿qué interesas?

¿En qué te ofendo, cuando sólo intento

poner bellezas en mi entendimiento

y no mi entendimiento en las bellezas?

 

Yo no estimo tesoros ni grandezas;

y así, siempre me causa más contento

poner riquezas en mi pensamiento

que no mi pensiamiento en les riquezas.

 

Y no estimo hermosura que, vencida,

es despojo civil de las edades,

ni riqueza me agrada fementida.

 

teniendo por mejor, en mis verdades,

consumir vanidades de la vida

que consumir la vida en vanidades.

Sor Juana Inés de la Cruz / Le Songe et autres poèmes
traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Luc Lacarrère