« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

DOMAINE


 

 

 

 

    Tombe mars fécond sur le toit de chagrin. La lampe retournée ne fume plus. Les nobles disparus ont curé les bassins, vidé les flasques horreurs domestiques, brossé l’obèse. Pomme de terre de semence est devenue folle.

 

    Matériaux vacillants, portes, coulisses, soupiraux réduits, comme je voudrais pouvoir régler mon allure suivant le vôtre. Jamais de double voix, cet impair larmoyant. Je feindrais l’impéritie des signes. Survivant, je saurais m’alléger de l’allégresse déprimante, pistil de l’enfance. Je murerais mon blason sanglant. Jusqu’à la rumeur artificielle de cette peau de sagesse vaniteuse torréfiée sur les tisons comme un glaire.

 

    Sur une vanne aérienne, passerelle verticale, cette combinaison de lettres bouillantes : DÉPOT D’EXCLUS. Passives mémoires de bois blanc pour le rachat des morgues et l’entretien des patries. Granit arc-en-ciel tu auras lacé leurs fantasmes pédestres jusqu’au sable…

 

    Une allumette bien prise a débouché le carcan, biceps et coude. Le leader a tiré la vermine éclairante. C’est la lave finale. Régicide, estime-toi favorisé si une langue de bœuf vient de loin en loin égayer ta cuvette.

 

    Ma maîtresse mouillée, écorchée insultante, je te plante dans mon cri. Ainsi tu tiens à moi fumée affectueuse, indice d’immémoriale, d’ondoyante blancheur, lorsque la première source s’élançait, flotteur d’alarme, sur une pente disparue. Je me tourne vers toi, Sainte de manufacture, grise mine au sein sec, diseuse de solfège. Tu ronfles, matraque, pour le miracle de l’hélice… Quelle mélopée !

 

    Mes songes, hors l’amour, étaient graves et distants.

 

    Faut-il malgré se réjouir ?

René Char / Abondance viendra (1933)