LAVEUR DE VITRES VOIT PEINTURES
Par domcorrieras, le vendredi 9 décembre 2016 - Poèmes & chansons - lien permanent
Voitures, rires, vacarme : tout se meurt
au septième étage. Je n’entends que mon éponge
et le grincement engourdi de l’acier
auquel je pends. Parfois, un nuage m’adresse la parole
ou je devine ce qu’une mouette veut me dire.
Les gens : affairés, blancs, muets, derrière les vitres.
Au huitième, art. Cette fille-là, ce sourire,
qui l’a tant espionnée pour qu’elle me regarde
droit dans les yeux, insensible aux compliments ?
Et quand cet épervier s’échappera-t-il de son cadre ?
Je prends ici comme une peinture gelée
à laquelle personne ne fait attention, je frotte et trime
et libère la vue — je peins mois
après mois un peu plus de nuages authentiques.
Regarde. Déjà un rayon de soleil se glisse dans mon cadre.
Menno Wigman / Le monde le soir
traduit du néerlandais par Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkins