« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Coplas, poèmes de l’amour andalou


 

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… / …

 

De peine je me meurs,

voyant que tu vis dans le monde

quand déjà pour moi tout est mort.

 

Dans une chambre tous deux,

poison tu me donnerais,

poison, moi, je prendrais.

 

Vois combien je t’aime,

je baise même ta bouche

où vivent tant de baisers !

 

Peu me soucie que tu t’en ailles,

mais me soucie que tu emportes

du sang à moi dans tes entrailles.

 

J’ai plus de pouvoir que Dieu,

car Dieu ne te pardonne pas

ce que moi je t’ai pardonné.

 

Que je t’aime, tu le sais,

mais je ne confie

ni à toi ni à personne.

 

Je t’aimai une semaine,

l’autre je ne t’aimai plus,

car je n’avais plus envie.

 

Quand je te vis au lit,

à mon cœur, de chagrin,

lui tombèrent des ailes.

 

Quand je passe par ta porte,

pour toi je dis un Ave Maria,

comme si tu étais morte.

 

A moi m’importe peu

que l’oiseau dans l’allée

aille d’un arbre à l’autre.

 

 

… / …

Anonymes / Coplas, poèmes de l’amour andalou / Soleares (extraits) - éditions Allia (bilingue)
traduit de l’espagnol par Guy Levis Mano